HtmlToText
← articles plus anciens 12 août 2013 , par karim el hadj carmen, version zep (6) – répétition générale les élèves de 5ème d du collège victor-hugo de bourges, après 9 mois d’initiation au chant lyrique, à raison de quatre heures par semaine, viennent de donner leur premier concert. pendant plus de trente minutes, parents, enseignants et élus locaux ont écouté une demi-douzaine d’airs de carmen , l’opéra de georges bizet. le public est sorti conquis. les élèves de 5ème d du collège victor hugo répètent carmen au théâtre jacques cœur de bourges – karim el hadj / lemonde.fr les enfants sont déjà épuisés. pourtant, il n’est que 15 heures en ce mardi 4 juin. certes, au seuil de l’été, l’année scolaire, chargée d’efforts et d’imprévus, ne sera bientôt plus qu’un souvenir pour les élèves de la 5ème d du collège victor-hugo de bourges, un établissement classé en zone d’éducation prioritaire. il faut dire que ces collégiens chantent depuis 9 heures du matin. mais c’est un jour spécial. dans quelques heures, les élèves, leurs professeurs sébastien montanari, isabelle heitz et la cantatrice lucie mouscadet vont monter sur les planches, celles du théâtre jacques cœur, en plein centre de bourges. a 20 heures, près de 300 personnes se presseront dans la grande salle, aux balcons et même au poulailler de ce théâtre « à l’italienne » vieux d’un peu plus d’un siècle et demi. gorge douloureuse et pieds engourdis, tels sont les symptômes de l’artiste lyrique en répétition… chanter plus de 6 heures par jour, station debout, peut provoquer des petits bobos. lessivés, les enfants peinent à se concentrer plus d’une minute. malgré d’agaçantes perturbations pendant la répétition, leur prof de musique, isabelle heitz, les juge tout simplement « vocalement impressionnants ! » « pareil pour la mémoire. ils ont retenu six morceaux de carmen sans jamais avoir eu les paroles devant les yeux. ce n’est que du par cœur ! « , s’émerveille l’enseignante. si certains jeunes de la classe ont « beaucoup évolué » , la plupart « continuent de se déconcentrer facilement. pourtant ça leur plaît l’opéra, même si pour ces élèves ce n’est pas un choix d’être ici » , conclut-elle, visiblement aussi éreintée que les enfants. « donner une bonne image » a 18 heures, les techniciens prennent leur pause, les enfants leur pique-nique sur l’avant-scène. dans les loges, malgré le tourbillon des cavalcades, des cris et des claquements de porte, des filles s’apprêtent, se maquillent, se coiffent, pressées les unes contres les autres devant le grand miroir à moulures dorées posé contre un mur de la pièce. pourtant la répétition générale se déroule sans décor et sans costumes. peu importe. « il faut s’habiller correctement, dit houria 12 ans . c’est le respect. de soi, des autres. pour « donner une bonne image » , nous ont dit les professeurs. » isabelle heitz, professeur de musique au collège victor-hugo de bourges, dirige le chœur des enfants de 5eme d. karim el hadj / lemonde.fr dans un coin de la salle, têtes rentrées enfoncées dans les épaules, dos voûtés, les yeux rivés sur l’écran de leur téléphone mobile, un petit groupe de garçons agitent avec frénésie leurs pouces sur le clavier de leur appareil. un peu pour remporter une partie de doodle jump ou de subway sufer. beaucoup pour oublier que d’ici moins de 10 minutes, ils vont devoir se jeter à l’eau. parmi eux, rémy, 13 ans, ne cache pas sa frousse. « je suis timide, j’ai du mal à me mettre en avant » , bredouille-t-il du fond de sa veste de jogging neuve d’un rouge flamboyant, un peu trop grande pour lui. il cherche une raison à son malaise : « chez moi, je n’écoute pas de musique. dans ma famille, on n’a pas l’habitude. » comme les autres enfants de la classe, asma, 12 ans, avoue, elle aussi, être « un peu stressée à l’idée de monter sur scène. il y aura beaucoup de monde mais comme on a beaucoup répété… « . il est un peu plus de 20h. il faut y aller. le public est là. les parents des petits chanteurs, des officiels de la ville, des fonctionnaires de l’éducation nationale qui ont soutenu le projet carmen , attendent. la troupe du projet carmen salue le public. karim el hadj / lemonde.fr autour de 21 heures, après 30 minutes de chant, très émus, les apprentis artistes, leurs professeurs et la cantatrice lucie mouscadet, quittent la scène dans un tonnerre d’applaudissements et d’acclamations. les parents, ravis et tout aussi émus, retrouvent leurs petits à l’extérieur du théâtre. cette fois, cris et rires libératoires fusent dans les rues presque désertes de la vieille ville. sully, un des élèves les plus impliqué de sa classe dans le projet, se dirige nonchalant vers sa mère, sa grande sœur, son oncle, sa grand-mère et son grand-père. le grand-père, pince sans rire, exprime, à sa façon, de sa voix rauque son point de vue sur la performance du garçon. « d’habitude, je suis plutôt du genre ‘coup de pied au cul’, assène le patriarche, pas peu fier de son petit-fils, mais pas ce soir. ah non ! ». [imagebrowser id=2] « toujours en chemin à la recherche du mieux » le professeur de français à l’origine du projet carmen , sébastien montanari, qui accompagne au piano les enfants, reconnaîtra, après la représentation , s’être laissé envahir par l’inquiétude. « en y repensant, confesse-t-il, je crois que mon trac et mes quelques erreurs ne sont pas en soi une mauvaise chose, dans un projet qui est d’abord une grande aventure pédagogique » . cela montre aux élèves que « nous prenons nous aussi des risques, que nous ne les laissons pas seuls dans l’arène mais partageons avec eux les angoisses de la scène, et que comme eux, nous sommes faillibles, mais toujours en chemin à la recherche du mieux. » le professeur de français, sébastien montanari se recueille, seul sur la scène, quelques minutes avant le concert. karim el hadj / lemonde.fr il est 22h. dans le théâtre empli de silence, les techniciens manœuvrent les porteuses afin d’en détacher les projecteurs tandis qu’à l’étage, dans une loge, les professeurs sébastien montanari, isabelle heitz, la cantatrice lucie mouscadet, le metteur en scène simon hattab, la principale du collège, isabelle guillamo et d’autres membres de l’équipe pédagogique se remémorent les péripéties du projet carmen, cette équipée un peu folle : « faire chanter un opéra, un genre musical totalement étranger aux oreilles d’enfants d’un quartier défavorisé d’une ville moyenne du centre de la france » . malgré l’ampleur du défi, isabelle heitz savait que ce soir le filage se déroulerait sans accrocs : « je vous l’avais dit que ce serait magique. leurs yeux pétillaient. » ainsi s’achève la première phase du projet carmen. a l’issue de l’année scolaire prochaine, deuxième et dernière partie de cette expérience pédagogique, les enfants et leurs professeurs donneront un spectacle avec costumes et décor, à l’auditorium de bourges, une salle prévue pour accueillir 481 spectateurs. – carmen, version zep – carmen, version zep (2) – une cantatrice en classe – carmen, version zep (3) – premiers pas de comédien – carmen, version zep (4) : a la bastille ! – carmen, version zep (5) – petits exercices d’écriture automatique publié dans classes populaires , culture , enseignement , jeunesse , une année en france | 2 commentaires 6 juin 2013 , par mathilde gérard bibliothèque pour tous, précaires et exclus compris vue du premier étage de la bpi. (hervé lequeux pour « le monde ») il vient tous les jours, week-end compris, s’installe souvent à l’espace presse ou à un poste d’ordinateur, lit les journaux, consulte des ouvrages des rayons religion ou sciences, participe à des discussions politiques animées. malick ndiaye, 52 ans, fréquente la bibliothèque publique d’information (bpi) du centre pompidou, à paris, depuis vingt ans. « a l’époque, j’étais étudiant en économie. j’ai longtemps travaillé comme expert comptable. mais suite à des problèmes de santé, j’ai dû cesser mon travail il y a deux ans. » les vêtements qu’il porte trahissent un déclassement brutal